La Coupe du Monde de football 1998 a marqué le coup d’envoi du tourisme sportif sur le terrain international. Quelques années après les audacieux Jeux Olympiques d’Albertville, la France projette alors l’image d’une nation victorieuse aux infrastructures efficaces. Depuis, la multiplication d’événements sportifs et la « sportivisation » de la société promettent un bel avenir à cette niche touristique. Surtout que la France dispose de multiples ressources naturelles, culturelles et géographiques.

Tourisme sportif - cycliste

Alors, quelle est la typologie de ce tourisme sportif qui attire et enflamme les foules ? Comment optimiser ses retombées au niveau national mais aussi local ? Et surtout comment l’essor du tourisme sportif peut-il profiter aux territoires ? Trois, deux, un… top départ !

Les formes de tourisme sportif gagnent des participants

Le tourisme sportif est un phénomène complexe aux contours indéfinis. Du visiteur du Stade de France au compétiteur de haut niveau en passant par le plaisancier estival, la définition est vaste. Elle regroupe des profils très différents unis autour d’un intérêt commun : le sport. On peut néanmoins distinguer 3 types de touristes sportifs en fonction de la nature de leur participation.

Le tourisme sportif d’action

Cette catégorie rassemble les personnes qui pratiquent un sport lors d’un déplacement. Elle se compose des athlètes et de leur encadrement (coachs, bénévoles…) lors de manifestations de grande ampleur (marathon, open de tennis, match de football, etc.). Pour eux, qu’ils soient amateurs ou professionnels, le sport est l’objet principal de leur voyage.

UCPA_Capture site web
L’UCPA, association pionnière en faveur des vacances sportives

Mais plus largement, cette partie englobe toutes les personnes s’adonnant à une activité sportive durant leur séjour : ski, cyclisme, nautisme, golf, surf, randonnée, plongée… Surtout que les vacances actives ont plus que jamais le vent en poupe. Elles concentrent tous les concepts recherchés par les voyageurs : personnalisation, bien-être, nature, aventure, écologie, santé.

Le tourisme sportif de spectacle

Le touriste dit spectateur assiste à une compétition ou à un événement sportif majeur : Jeux Olympiques, Tournoi des 6 Nations, Route du Rhum, Tour de France, Champions League, etc. 

Son rôle consiste à supporter une nation, une équipe ou un joueur par une approche purement visuelle. Le sport y est vécu comme un spectacle, vecteur de plaisir et d’émotions. Ce type de tourisme est en pleine expansion, dopé par la médiatisation des épreuves sportives et la démocratisation du transport terrestre et aérien (low cost).

Le tourisme sportif culturel

Moins développé, le tourisme sportif culturel est lié à la visite des infrastructures. Il fait référence à une culture historique du sport. Le but du visiteur est de se rendre dans des lieux mythiques, de découvrir l’histoire d’un sport, de vibrer au souvenir d’un événement : coulisses du Stade de France, Écomusée de la pelote et du xistera, Musée du football et de la FIFA…

En 2018, trois acteurs français – dont la ville de Roubaix – ont lancé le label international « Iconic Sport Sites ». Son but : créer un réseau de grands lieux sportifs à intégrer au patrimoine mondial.

La mission « Sport et Tourisme » entre en jeu : objectif 2023-2024

La France est organisatrice de GESI (Grands Événements Sportifs Internationaux) depuis plus de cent ans avec le Tour de France, le Vendée Globe, le tournoi de Roland Garros, les 24h du Mans, etc. Un rôle qu’elle s’apprête à tenir une trentaine de fois entre l’Euro 2016 et les JO de 2024.

Pourtant, la connexion du sport et du tourisme autour d’une offre évènementielle n’est pas systématique.

De quoi réfléchir à l’optimisation et au partage des retombées financières des GESI ! Ainsi, le gouvernement a délégué une mission « Sport et Tourisme » afin de présenter des mesures concrètes.

21 mesures de compétition

Les 21 mesures s’articulent autour du lien entre l’événement sportif et l’offre touristique. Le billet doit être considéré comme un titre d’entrée auquel se greffent des prestations complémentaires (hébergements, activités et transports). Une solution « packagée » sera mise en place en 2023, lors de la Coupe du Monde de Rugby. Elle vise à allonger la durée du séjour et des dépenses des visiteurs.

L’accent est également mis sur la promotion de la « Destination France » grâce à la couverture médiatique exceptionnelle des GESI.  

Le tourisme sportif en lien avec un territoire

Des retombées économiques et sociales

Les marchés du sport et du tourisme réunis constituent un nouveau modèle économique porteur. À lui seul, le poids des GESI est estimé à 50 milliards d’euros par an. Autant dire que les territoires ont tout intérêt à se pencher sur le développement du tourisme sportif.

Quand il est intégré à une stratégie d’image de marque, le tourisme sportif est un vrai levier économique. Que ce soit pour les destinations émergentes (comme le Qatar) ou dans le renouvellement de l’offre (les stations de ski) !

Au niveau social aussi, l’accueil d’événements sportifs est très profitable. Il présente, en effet, de nombreux impacts positifs. Le sport possède cette capacité unique à engager le public, à créer un sentiment de fierté et d’appartenance.

Le Sud-Ouest fait des vagues

  • Biarritz, ville indissociable du surf

Associer un territoire à la pratique d’un sport, c’est lui offrir une notoriété touristique. Biarritz et le surf, c’est une évidence naturelle et géographique depuis 60 ans ! Tout un écosystème vertueux en découle : création d’emplois, shopping, culture « surf », mode « surf », installation d’entreprises, interactions sociales. À tel point que les retombées de la vague sportive sont estimées à 2 à 3 millions d’euros par an.

  • La Ocean Tech

D’Hossegor à la province transfrontalière du Guipúzcoa, la Ocean Tech mobilise les acteurs de la filière Océan, Glisse et Sports aquatiques depuis 2013. À terme, cet accélérateur de projets ambitionne de de devenir la référence internationale en matière de conception numérique de produits et de services innovants dans les secteurs du sport et de la glisse.  

Ocean Tech_Site web

Créer une dynamique autour d’un sport ou d’un événement sportif

D’autres destinations sont amenées à innover. Il s’agit de créer une nouvelle source d’attraction en période creuse ou d’exploiter des ressources existantes. Cela permet de générer du trafic et des retombées sur leur territoire.

  • Le vélo de montagne au Québec

Le Québec met le focus sur les disciplines du vélo de montagne : cross-country, descente, freeride et vélo sur glace. En jeu : attirer deux millions de canadiens passionnés sur ses pistes adaptées.

Parmi l’offre touristique québecoise : le vélo de montagne
  • Excalibur, le mur d’escalade artificiel le plus haut du monde

Groningue est une ville hollandaise méconnue du grand public. Pourtant, elle a su développer son attractivité grâce à une installation sportive inédite. Excalibur, le mur d’escalade aux parois inclinées le plus haut du monde, y attire des amateurs du monde entier.

  • L’aventure version XXL

Le tourisme d’aventures correspond aux attentes d’une nouvelle clientèle. Souvent associé au tourisme nature ou écologique, il combine sport et sensations en plein air.

Ainsi, on voit apparaître des activités spécialement conçues pour ceux qui aiment dépasser leurs limites : stages de survie, camps d’entraînement extrêmes, trails…

Contamines_stage de survie
La station des Contamines propose un stage de survie « Grand Froid« 

C’est le cas du Mud Day, une course d’obstacles aux allures de parcours du combattant capable de rassembler 25 000 participants. Et elle n’est plus la seule ! La Spartan Race, de niveau international,  joue la carte de l’originalité avec des épreuves inédites dans des lieux incroyables comme au sein même du Stade de France en 2019.

  • Le tourisme sportif urbain

Les villes aussi peuvent tirer leur épingle du jeu en proposant des activités ou des événements sportifs adaptés au paysage urbain. Les visiteurs cherchent avant tout à vivre des moments inoubliables dans des lieux extraordinaires.

C’est pourquoi les marathons de Nice et Paris ou le Run In de Marseille rencontrent un succès grandissant. Tout comme le championnat de Formule E organisé par la Fédération International Automobile qui se déroule sur le bitume des métropoles internationales. 

En ligne de mire également, le renouvellement des « citytour » classiques au profit de visites actives : cyclotourisme, randonnées urbaines, chasses au trésor, stand up paddle, kayak, etc.

Montpellier_visite en canoë ou paddle
Visite de Montpellier en canoë et paddle par l’office du tourisme

Autant d’opportunités de programmer une nouvelle offre touristique et de se démarquer auprès d’un public qui souhaite vivre des moments uniques et inoubliables.  

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